Comme nous l’avons montré dans un article précédent, l’URSS a accusé le groupe de Tito d’avoir mené des activités de renseignement pour le compte de la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour corroborer les allégations soviétiques, la documentation sur les activités de la Gestapo par le groupe de Tito sera fournie à partir de sources de sécurité impérialistes anglo-américaines et allemandes ainsi que des mémoires de Djilas, en mettant l’accent sur l’alliance directe du groupe de Tito avec les nazis. Djilas admet qu’il a lui-même participé aux politiques de Tito.
Le général italien Roatta assure le commandement allemand qu’il coopérera dans la lutte contre les partisans :
Il est toutefois intéressant de noter que [le général allemand Walter] Kuntze s’était déjà réconcilié avec l’idée de poursuivre les opérations avant même la libération de Rogatica. L’assurance donnée par Roatta le 21 avril semble avoir joué un rôle décisif à cet égard, et le commandement des troupes déployées resterait définitivement aux mains des Allemands, même après le franchissement de la ligne de démarcation. Contrairement à son subordonné Bader, Kuntze pouvait tirer quelque chose de l’idée de commander des troupes italiennes au sud de la ligne de démarcation. Il se promet notamment de pouvoir persuader les Italiens, dans leur propre sphère d’influence, « de s’engager dans une guerre plus active ». En tout état de cause, il y a lieu d’espérer que la coopération convenue à Abbazia puisse encore déboucher sur un résultat acceptable.
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 128) (IMG)
Par conséquent, le :
Le 2 mai, une force armée composée d’une division allemande et de trois divisions italiennes pouvait être dirigée contre une zone à peu près délimitée par la ligne Sarajevo-Gorazde-Foca-Kalinovik. Alors que la 718e DI [i.e. Division d’infanterie] devait avancer depuis le nord-est, la 1ère Division italienne de montagne « Taurinense » du nord-ouest de l’Allemagne, arrivée entre-temps à Sarajevo, et la 22e DI « Cacciatori delle Alpi », déployée à Nevesinje en Herzégovine, arrivaient depuis le sud. Vers l’est, la sécurisation du tronçon de la Drina entre Gorazde et Foca avait été confiée à la 5e division de montagne « Pusteria ». Ainsi, contrairement à l’attaque sur Rogatica, la « Bader Task Force » est finalement arrivée à la veille de l’opération en tenaille contre la capitale du mouvement partisan.
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 129. Citant : BA/MA, RW 40/26 Kampfgruppe General Bader, Befehl zur Bildung der Einschließungsfront (30.4.1942).) (IMG)
Or, la société « Trio II » … n’avait même pas un jour d’existence », a déclaré Schmider, « quand » :
Contrairement à l’assurance donnée par Roatta Bader le 21 avril, le colonel-général Ugo Cavallero décrète le 3 mai que les trois divisions italiennes doivent se retirer du groupe de combat et du VI italien responsable de cette zone. Le corps d’armée italien (le général Renzo Dalmazzo) doit être subordonné. Ce n’est que grâce à la protestation de Rintelens qu’au moins la « Pusteria », qui n’a jamais appartenu à la VI. AK, reste sous le commandement de Bader.
La suite de l’opération, malgré tous les efforts déployés, présente des parallèles frappants avec l’opération précédente contre Rogatica. D’une part, parce qu’une fois de plus, aucune force ennemie importante n’a été mise au combat, d’autre part, parce qu’en raison de l’ouverture tardive des » Cacciatori « , une fois de plus, aucune barrière sud n’a pu être établie à temps. C’est également cette brèche qui a permis à Tito et à son état-major de se détacher, via Zabljak, vers Pluzine, dans la région frontalière entre l’Herzégovine et le Monténégro.
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 129. Citing: KTB OKW, II. 1, S. 334 (Eintrag vom 3.5.1942); BA/MA, RH 20-12/145, Der Deutsche General beim Hauptquartier der italienischen Wehrmacht an den Wehrmachtbefehlshaber Südost (3.5.1942). BA/MA, RW 40/26 Abschlußbericht »Unternehmen Foca« (20.5.1942).) (IMG)
Luciano Viazzi, directeur de la Société historique italienne pour l’étude de la Seconde Guerre mondiale, a affirmé que.. :
la division « Cacciatori » s’approchant du sud, seul l’ordre donné le 15.5. [c’est-à-dire le 15 juin] a empêché la mise en place de l’opération « trio ». Cela a permis à Tito et à son état-major de s’échapper.
(‘L’inutile vittoria: La tragica esperienza delle troupe italiene in Montenegro’, Giacomo Scotti, Luciano Viazzi, Milan, 1989, p. 331. Cited in: PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 129) (IMG)
En d’autres termes, les forces italiennes ont permis à Tito et à son état-major suprême de s’échapper du champ de bataille. En effet, Dedijer et Djilas :
conviennent que le groupe autour de Tito lors de la retraite de Foca n’a jamais été en danger immédiat d’être coupé….
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 129. Citing: Wartime, Milovan Djilas, pp. 173-175. War Diaries, Vladimir Dedijer, pp. 156-175 (entries from 9.5.-20.5.1942).) (IMG)
L’agent de renseignement britannique Richard West a écrit :
les soldats italiens, peu enclins à s’engager dans la lutte contre les Partisans, commencent en juillet 1942 à se retirer du NDH vers leur territoire côtier.
(Tito: and the Rise and Fall of Yugoslavia, Richard West, p. 136) (IMG)
M. Schmider ajoute :
L’évacuation temporaire de Konjic par la garnison italienne sur l’itinéraire de la « longue marche » suggère au moins cette conclusion ;
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 190. Citing: BA / MA, RH 26-118 / 28 Annex 7 to 718. ID, Ia, No. 2554/42 go.) (IMG)
Ainsi :
Les Italiens ont commencé à quitter des endroits comme Bihac, Drvar, Kalinovica, Karlovac et Petrova Gor…..
(Tito: and the Rise and Fall of Yugoslavia, Richard West, p. 136) (IMG)
Ailleurs, Richard West écrit :
Bien que les partisans aient capturé et brièvement tenu de petites villes de montagne comme Uzice, Foca, Bihac et, plus tard, Drvar et Jaice, ils sont rarement descendus dans les villes ou dans les riches plaines qui abritaient la majeure partie des richesses et de la population du pays. Jusqu’à la fin de l’année 1942, leur présence n’a pas beaucoup gêné les forces d’occupation de l’Axe. Lorsque les Italiens se sont installés dans le NDH au cours de l’été et de l’automne 1941, ce n’était pas pour supprimer les partisans….
(Tito: and the Rise and Fall of Yugoslavia, Richard West, p. 126) (IMG)
Un officier de renseignement allemand nommé Wilhelm Hottl a rapporté dans ses mémoires qu’un courrier de Tito :
avait parcouru plusieurs fois la route entre Tito et Roatta.
(Use for the Rich: In the Foreign Secret Service of the Third Reich, Koblenz, Wilhelm Höttl, 1997, p. 223. Cited in: PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 190) (IMG)
Les responsables nazis eux-mêmes ont déclaré que le commandant fasciste italien Roatta et Tito étaient de connivence. En effet, il y a eu des remarques :
par certaines autorités allemandes en 1942, que la « longue marche » était même basée sur une collusion entre Roatta et Tito….
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 190) (IMG)
Pour la deuxième et la troisième fois consécutive, les agents trotskistes de la Gestapo ont pu s’échapper du champ de bataille, alors que leurs subordonnés, les patriotes yougoslaves, étaient martyrisés par les assassins de l’Axe. On peut permettre aux apologistes de Tito de soutenir, autant qu’ils le souhaitent, que la providence divine était à l’œuvre, mais pour les non-superstitieux, il est clair que les Allemands nazis et les Italiens fascistes, et non les cieux, étaient du côté de Tito. Comme nous l’avons vu précédemment, les autorités allemandes nazies ont fait remarquer, à juste titre, que la « longue marche », c’est-à-dire la fuite de Tito des mains des nazis, était un cas de collusion entre les fascistes italiens et Tito.
En anéantissant de plus en plus d’enfants communistes et progressistes de Yougoslavie rivalisant avec le groupe de Tito, ce dernier a gagné encore plus d’influence. En passant de la quantité à la qualité, l’anéantissement de nombreux communistes et progressistes yougoslaves a permis à la clique de Tito de consolider son influence sur un plus grand nombre de sections du Parti. Plus que jamais, l’emprise de la faction fasciste sur le Parti s’accroît. Dans ce contexte, le groupe de Tito est allé de l’avant avec confiance et a traité les responsables militaires et du renseignement de l’Allemagne nazie de manière loyale et royale, en leur exprimant son désir de consolider le partenariat stratégique entre le groupe de Tito et les nazis. Dans « un rapport complet rédigé pour Heinrich Himmler », dit Schmider, « l’attaché de police allemand à Zagreb » a déclaré ce qui suit le 21 septembre 1942 :
« Le traitement loyal du quartier général est allé jusqu’à inviter les Allemands à déjeuner le dimanche. La table était blanche et servie comme dans un hôtel de première classe. La commande de nourriture était en conséquence. Les déclarations politiques du commandant en chef des partisans, Tito, méritent d’être soulignées. Lors d’une conversation avec un Allemand, il a exprimé l’opinion que, malgré le terrible bain de sang actuel sur le front de l’Est, il était nécessaire de parvenir à une entente entre l’Allemagne et la Russie. Sinon, il y aurait le danger que l’Angleterre et l’Amérique sortent à nouveau victorieuses, et la victoire de ces régimes signifierait la chute et l’asservissement des peuples travailleurs ».
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 159. Citing: PA/AA, Inland II g 99, 1956 Der Polizeiattache in Zagreb an den Reichsführer SS (21.9.1942).) (IMG)
Un autre rapport rédigé peu après par l’attaché de police allemand fait les mêmes remarques :
Dans un autre rapport, rédigé trois jours plus tard, […] l’attaché de police [allemand] fait à nouveau référence à la capacité de négociation des partisans….
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 159. Citing: PA/AA, Inland II g 99, 1956 Der Polizeiattache in Zagreb an den Reichsführer SS (24.9.1942).) (IMG)
En octobre 1942, le haut commandement nazi a fait savoir que Tito était prêt à servir de « partenaire » économique du Troisième Reich :
Ainsi, surtout, la question de l’exploitation sans entrave des ressources du pays par la puissance occupante, déjà abordée trois mois plus tôt, semble avoir fait l’objet de discussions approfondies. Le 30 octobre, le commandant en chef du commandement général note les impressions suivantes : « Tito pense qu’une coopération économique entre les partisans en tant que partenaires égaux de l’Allemagne, même dans l’espace yougoslave, est tout à fait possible. »
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 171. Citing: ‘BA/MA, RH 26-114/14 Die kommunistische Aufstandsbewegung im Raum des ehemaligen Jugoslawien (30.10.1942)’.) (IMG)
C’est pour cette raison que :
En novembre 1942, les partisans ne représentaient même pas une menace sérieuse pour le gouvernement de l’Oustacha de l’État indépendant de Croatie.
(Tito: and the Rise and Fall of Yugoslavia, Richard West, p. 127) (IMG)
Fin 1942, une alliance stratégique s’est en effet consolidée entre l’Oustase et certains éléments du mouvement partisan, impliquant des raids de pillage conjoints :
Ainsi, la 718e DI et le département IC [note : IC fait référence à l’Abwehr, le service de renseignement allemand] du commandant général rapportent, fin octobre 1942, que dans la région de Rogatica, les Oustachis et les Partisans ont formé une alliance délibérée, qui a notamment servi à mener des raids de pillage conjoints. Le fait que, quelques semaines plus tard (début décembre 1942), une tentative de contact d’un haut responsable oustachi avec la direction des partisans à Bihac ait été prise très au sérieux par ces derniers se traduit par l’envoi d’un membre du Politburo (Milovan Djilas) en tant que négociateur ; l’établissement d’un lien n’a échoué qu’au moment du déclenchement des hostilités qui a contraint Djilas et son compagnon Velebit à rebrousser chemin.
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 400. Citing: BA/MA, RH 26-118/12 KTB-Eintrag vom 20.10.1942; RH 26-118/41 718.ID. Ic-Lagebericht für die Zeit vom 17.10.- 26.10.1942 (26.10.1942); RH 26-114/13 Kdr. Gen. u. Bfhls. in Serbien, IcLagebericht für die Zeit vom 19.10.-29.10.1942 (29.10.1942). Survey of Dr. Vladimir Velebit in Zagreb (9. u. 10.5.1998).) (IMG)
Les forces d’occupation de l’Axe n’ont pas non plus tenté de combattre l’armée de Tito. Se référant à la présence du groupe de Tito dans certaines villes yougoslaves, l’agent du MI6 Richard West a écrit : « Les forces d’occupation de l’Axe n’ont pas non plus tenté de combattre l’armée de Tito :
Jusqu’à la fin de 1942, leur présence [c’est-à-dire celle des partisans dirigés par le Titoïste] n’a pas beaucoup gêné les forces d’occupation de l’Axe. Lorsque les Italiens se sont installés dans la NDH au cours de l’été et de l’automne 1941, ce n’était pas pour supprimer les Partisans….
Les Allemands sont également intervenus pour freiner et parfois pendre les oustachis en Slavonie et dans le Srem, mais ils n’ont pas pris les partisans au sérieux. Les intérêts vitaux d’Hitler dans l’ex-Yougoslavie sont d’abord de protéger la ligne de chemin de fer dans les vallées de la Sava et de la Morava, puis d’assurer l’approvisionnement en minerais stratégiques tels que le cuivre et le chrome à partir des mines, situées pour la plupart en Bosnie. Comme les partisans souhaitaient gagner le pouvoir en Yougoslavie plutôt que de nuire à l’effort de guerre de l’Axe, ils ont rarement menacé l’un ou l’autre de ces deux intérêts allemands.
(Tito: and the Rise and Fall of Yugoslavia, Richard West, p. 127) (IMG)
A la fin du mois de janvier 1943, Tito est en pourparlers secrets avec les chefs de l’Ustase. Ce fait est confirmé par les archives des services de renseignement italiens citées par Avramov :
Josip Broz lui-même, selon ces sources [de renseignement italiennes], entretenait des communications avec certains membres du cabinet de Pavelic. Au moment où le commandement italien de Sibenik informe ses supérieurs de la rencontre entre Broz et le ministre de l’Ustasa Rustinovic en 1943, ce dernier a déjà cessé d’être l’émissaire permanent de l’État indépendant de Croatie auprès du Saint-Siège, mais il continue d’effectuer diverses missions dans le cadre de son ancien rôle. Dans ce contexte, toute une série de nouvelles questions se posent, qui méritent d’être étudiées en profondeur : Josip Broz a-t-il joué un double rôle ?
(Genocide in Yugoslavia, Smilja Avramov, p. 232. Citing: AVII – ANJ, Contatti tra il Ministro croato Rustinov e il Tito, K. 58, Reg. No. 34/9-1) (IMG)
Il l’était assurément, comme l’a également confirmé la partie allemande. En ce qui concerne janvier 1943 :
la visite d’une délégation tricéphale de l’Oustacha à Livno est confirmée par un témoin oculaire allemand.
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 400) (IMG)
Le citoyen allemand du Reich Franz Leinschütz », dit Schmider en se référant au témoin oculaire, « a fait la déclaration suivante sur le procès-verbal » :
Quand j’étais à Livno la semaine dernière, j’ai vu un officier oustachu en uniforme, mais sans armes. Les partisans m’ont dit qu’il y en avait deux autres ici. Tous les trois, selon les partisans, étaient venus à Livno pour négocier.
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 400. Citing: BA/MA, RH 26-118/42 718. ID Abt. Ic, Vernehmung (25.1.1943).) (IMG)
Bien que les communistes pro-soviétiques soient toujours majoritaires au sein du PCY, le massacre de milliers de communistes et de progressistes yougoslaves avait suffisamment affaibli la faction communiste pour faire du PCY une force susceptible de conclure une alliance totale avec les nazis. Par le biais de plusieurs intermédiaires, dont certains seulement étaient les fonctionnaires allemands nazis avec lesquels le groupe de Tito s’était entretenu, la direction de Berlin recevait des signaux dans ce sens. Il convient de noter que Tito avait déclaré aux nazis qu' »il était nécessaire de parvenir à une entente entre l’Allemagne et la Russie. Dans le cas contraire, l’Angleterre et l’Amérique risqueraient de redevenir victorieuses, et la victoire de ces régimes signifierait la chute et l’asservissement des peuples travailleurs ». Il est presque certain que les communications avec le régime Pavelic en Croatie allaient également dans ce sens. Le groupe de Tito indiquait ainsi aux nazis que le moment était venu d’élever les relations entre le PCJ et l’Axe à un nouveau niveau, de faire du PCJ, un parti alors décisivement dominé par les agents fascistes, une force qui ne devait plus être décimée par les nazis, mais qui devait être accueillie comme un allié dans la guerre contre les Soviétiques.
Le 4 mars 1943, les partisans, dont le potentiel est alors trop faible pour mener un combat sérieux contre les nazis, remportent à la surprise générale une « victoire » ostensible sur les Allemands :
Il est environ neuf heures lorsque nous atteignons le plateau de Gornji Vakuf, au milieu des feux de camp et du grondement de l’artillerie. Nous marchons parmi les soldats qui prennent leur repas autour des feux. Ils nous ont reconnus et nous ont salués avec un sérieux décontracté. Les commandants étaient plus rigides, laconiques et directs dans leurs rapports. Les environs immédiats de la zone de combat étaient tels que je les avais imaginés dans les romans et les images. La bataille avait déjà été gagnée, en ce sens que les Allemands avaient été cloués au sol, assurant ainsi aux blessés une retraite réussie.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 225-226) (IMG)
La « victoire » du PCJ sur les nazis en mars 1943 est très suspecte. Le comportement du groupe de Tito après cette « victoire » tactique l’a fait apparaître d’autant plus comme un cas de collusion. Cela commence par des « échanges de prisonniers » qui masquent quelque chose de bien plus grave :
Quelques douzaines d’Allemands ont été capturés lors des batailles de Gornji Vakuf, dont un officier de haut rang du nom de Stoecker, un homme de petite taille au port digne. Au cours d’une conversation entre Velebit, Rankovic, Tito et moi-même, l’idée est venue d’envoyer une lettre aux Allemands par l’intermédiaire du major Stoecker, offrant les Allemands capturés en échange de nos camarades arrêtés, d’autant plus que les Allemands avaient accepté un tel arrangement en 1942. C’est Tito qui a développé l’idée – ou plutôt qui a immédiatement cherché les moyens de la mettre en œuvre. Il réunit les membres du Comité central – Rankovic, Pijade et moi-même – dans son moulin à eau au bord de la rivière Rama, et suggéra que nous envoyions une lettre aux Allemands par l’intermédiaire du major Stoecker, proposant, outre un échange de prisonniers, que les blessés et les prisonniers soient traités conformément aux conventions internationales, et exigeant spécifiquement que les Allemands nous reconnaissent en tant que « force belligérante ». Vlatko Velebit, qui était un bon avocat, nous avait déjà expliqué en détail les questions relatives à la « force belligérante ». La lettre d’accompagnement portait le sceau de l’état-major suprême, mais la signature de Terzic, et non celle de Tito. Cependant, il était clair pour les Allemands que l’offre avait été faite au su et avec l’approbation du commandement suprême : ils savaient que notre mouvement était centralisé. Nous avons supposé que les Allemands n’accepteraient pas facilement notre proposition et nous l’avons formulée de manière à laisser une marge de négociation.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 229) (IMG)
Un major allemand nazi nommé Stoecker avait facilement été capturé par le groupe de Tito – ou bien plus probablement, comme le comportement du groupe de Tito l’a indiqué par la suite, le major allemand nazi était un négociateur allemand sous couverture envoyé par les nazis pour communiquer avec le groupe de Tito concernant les détails d’une alliance entre le PCY et les nazis, tout cela sous l’apparence d’un « prisonnier » « capturé » par les Partisans au cours d’une « victoire » tactique hautement improbable. Comme le mentionne Djilas dans l’extrait ci-dessus, le major Stoecker a été libéré, autorisé à quitter le camp des partisans et à se rendre dans le camp occupé par les Allemands pour faire savoir aux autorités de ce dernier que la direction du PCJ avait été « centralisée » sous le régime autoritaire de Tito et que les Allemands devraient commencer à traiter le PCJ d’une manière beaucoup plus favorable, en tant que « force belligérante » respectée conformément à la Convention de La Haye. La bande de Tito a envoyé un message aux Allemands, qui ont répondu positivement :
Nous avons reçu une réponse des Allemands dans les deux ou trois jours suivants : le message indiquant que nous pouvions immédiatement envoyer nos négociateurs était signé par un officier et scellé d’un aigle. Le jour de la réponse allemande, le 9 mars 1943, une autre réunion s’est tenue, à laquelle seuls Tito, Rankovic et moi-même avons assisté, afin de désigner une délégation et d’élaborer une tactique pour faire face à une hypothétique offre allemande.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 230) (IMG)
L’objectif de ces pourparlers entre les Allemands et les partisans n’était pas du tout un échange de prisonniers mais plutôt l’établissement d’une alliance entre un PCJ dicté par Tito et l’Axe. Tito a décidé de consolider sa propre alliance avec les nazis en réduisant le conflit entre les troupes partisanes et l’armée du Troisième Reich :
C’est dans les premiers jours de mars, dans un moulin sur la rivière Rama, que Tito conçoit le stratagème le plus audacieux et le plus controversé de sa longue carrière. Il décide de conclure une trêve, voire une alliance avec les Allemands.
Lors de la bataille de Gornji Vakuf, dans les premiers jours de mars, les Partisans capturent un certain nombre d’Allemands, dont le major Stoecker. Se souvenant que l’année précédente, ils avaient utilisé le civil allemand Hans Ott pour obtenir la libération de certains de leurs prisonniers, Rankovic, Djilas et d’autres suggèrent à Tito de rouvrir les pourparlers. A première vue, il s’agissait d’une simple offre de livrer certains Allemands, dont Stoecker, en échange de certains communistes détenus dans les geôles de la NDH, dont la concubine de Tito, Herta Hass, avec qui il avait eu un enfant peu de temps avant l’invasion de l’Axe. Les Partisans souhaitaient également être reconnus comme une force belligérante afin de garantir le traitement adéquat des blessés et des prisonniers.
En fait, Tito voulait bien plus que cela. Son besoin le plus pressant était de briser les forces tchetniks qui lui barraient la route sur la Neretva, puis de poursuivre sa route à travers l’est de la Bosnie-Herzégovine jusqu’à la sécurité relative du Monténégro et du Sandjak. Son objectif à long terme était de parvenir à un accord avec les Allemands en vertu duquel, en échange de la cessation des attaques contre leurs forces et leurs lignes de communication, les Partisans auraient carte blanche pour détruire les Tchetniks dans l’est de la Yougoslavie. Tito est également disposé à discuter avec les Allemands d’une action militaire commune contre le débarquement britannique attendu.
Tito autorise le major Stoecker à envoyer une lettre à travers les lignes pour proposer des pourparlers sur l’échange de prisonniers. Une réponse arrive deux jours plus tard, indiquant l’heure et le lieu de réception d’une mission de partisans.
(Tito: and the Rise and Fall of Yugoslavia, Richard West, pp. 148-149. Bold added.) (IMG)
L' »arrestation » de Herta Haas (ou Hass) par les nazis était également extrêmement suspecte et semble avoir eu le même caractère que l' »arrestation » de Stoecker par le groupe de Tito. Rappelons que :
Ivan Srebrnjak (Antonov), agent du renseignement militaire soviétique, … a attiré l’attention de l’IKKI sur l’idylle que Walter entretenait à Moscou avec une certaine Elsa, membre du parti communiste allemand, soupçonnée de travailler pour la Gestapo. Il affirme également que la jeune femme qui apportait la correspondance du parti de Yougoslavie à Paris et en revenait (manifestement Herta Haas) était elle aussi une espionne de la Gestapo. Pour toutes ces raisons, Srebrnjak estime que Walter doit s’expliquer, souligner sa ressemblance avec Gorkic et inviter l’IKKI à dissoudre le CPY.
(Tito and His Comrades, Joze Pirjevec, 2015, p. 38) (IMG)
En substance, le plan de Tito consistait à « donner » aux Allemands des régions telles que la Serbie, le Monténégro et une partie du Kosovo. Il s’agissait de zones stratégiques que les Allemands pourraient certainement utiliser comme base de lancement pour des contre-offensives contre l’Armée rouge. De nombreuses parties de ces territoires étaient déjà sous contrôle allemand. Cependant, la bande de Tito allait « donner » ces territoires en ne se battant pas pour eux, du moins pour l’instant. En « échange », l’agent de la Gestapo Tito et sa clique détourneraient les patriotes yougoslaves pour qu’ils se battent à mort contre les Tchetniks yougoslaves dans la région moins stratégique du Sandzak. En donnant ces territoires aux nazis et en combattant les Tchetniks, le groupe de Tito servait l’agenda nazi tout en n’obtenant rien de favorable aux forces antifascistes en retour.
En 1943, le MI6 avait réorienté son réseau d’alliances vers un partenariat avec les nazis. Il en résulte naturellement un partenariat stratégique entre le contingent du mouvement tchetnik soutenu par le MI6 et les nazis. Les Tchetniks sont ainsi devenus une force généralement collaboratrice de l’Axe. Néanmoins, le soutien soviétique aux Tchetniks a permis à Moscou de renforcer la position des forces progressistes du mouvement tchetnik. Par conséquent, tous les Tchetniks n’étaient pas réactionnaires ou collaborateurs de l’Axe. Après tout, c’est la raison pour laquelle, d’après l’expérience personnelle de Djilas lors des négociations de mars :
Les officiers allemands parlent avec mépris des Tchetniks….
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 235) (IMG)
Même si les Tchetniks étaient si profondément nazis qu’ils méritaient une guerre totale, la stratégie poursuivie par les bandes de terreur de Tito était réactionnaire et favorable au fascisme. Le Comintern a souligné que les partis communistes devaient inviter ces faux mouvements de droite « antifascistes » soutenus par le MI6 à coopérer contre les nazis. L’objectif était que (1) si elles, les fausses organisations non communistes « antifascistes », acceptent de coopérer, les communistes disposent d’un canal pour les surveiller et s’assurer que ces partis de droite luttent réellement contre les nazis, et (2) si elles refusent de coopérer avec les communistes contre les occupants fascistes, elles ne font que s’exposer, et (3) si elles refusent de coopérer avec les communistes contre les occupants fascistes, elles ne font que s’exposer, (3) s’ils trahissent leur accord de coopération avec les communistes, ces derniers peuvent alors utiliser la capacité de surveillance qu’ils ont acquise grâce à un accord de coopération pour dénoncer le collaborationnisme fasciste des mouvements de droite soutenus par le MI6. Dans ce contexte, la poursuite par Tito de la politique de guerre menée depuis des années contre les Tchetniks plutôt que contre les nazis aurait gravement nui au mouvement antifasciste. En outre, « donner » aux nazis les régions les plus stratégiques de la Yougoslavie était une grande trahison.
La formation d’une alliance militaire avec les nazis contre les éléments progressistes soutenus par les Soviétiques parmi les Tchetniks constitue non seulement une guerre par procuration pour le nazisme contre le socialisme soviétique, mais aussi une aide aux nazis pour maintenir et étendre leur présence physique en Yougoslavie. Le fait d’aider les nazis à conserver et à accroître le nombre de leurs bases militaires et de renseignement en Yougoslavie constitue à son tour une forme d’espionnage pour les nazis. Il ne fait aucun doute que l’expression « espions nazis » est une description généreuse de Tito et de sa bande de terroristes.
C’est dans ce contexte que s’inscrivent les propos suivants de Djilas dans ses mémoires :
La tactique à suivre lors des négociations ne pouvait être formulée que de manière générale, d’autant plus que Tito n’entrait pas dans des situations et des stratégies hypothétiques. Les Allemands ne devaient pas savoir que notre principal objectif était de pénétrer en Serbie, ni que nous avions l’intention d’occuper le nord du Monténégro, le Sandzak, certaines parties du Kosovo et le sud de la Serbie. Nous étions conscients de la sensibilité allemande à l’égard de la Serbie en tant que région centrale des Balkans avec une population fortement anti-allemande et un sens de l’identité nationale. Mais nous devions leur offrir quelque chose de convaincant : Le Sandzak était le territoire le plus sacrifiable, le plus pauvre et le plus arriéré, tandis que les Tchetniks étaient un de nos ennemis que les Allemands redoutaient également – bien qu’ils ne se soient pas battus l’un contre l’autre depuis un certain temps, mais au contraire collaboraient, comme sur la Neretva. En résumé, nous devions désigner le Sandzak comme le futur territoire des Partisans, et les Tchetniks comme notre principal ennemi. (…). Il n’y avait pas un mot sur l’arrêt des combats entre les Allemands et nous, mais cela aussi était compris.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 231) (IMG)
Djilas, tout en admettant de nombreux faits, déforme également l’image dans l’extrait ci-dessus. En effet, contrairement à la remarque de Djilas dans ses mémoires, la délégation yougoslave titoïste a promis, dans son accord écrit avec les nazis, de ne pas les combattre et de se concentrer sur les Tchetniks, qui étaient ses principaux ennemis. Vous trouverez ci-dessous la transcription complète de l’accord, traduite de l’allemand :
Gornji Vakuf, 11 mars 1943.
Présentation écrite de propositions par la délégation de l’Armée populaire de libération de la Yougoslavie, autorisée par le haut commandement de cette armée, sur la base de la lettre du major Barth datée du 10 mars 1943.
1) Le 2 janvier, M. Leinschutz a été envoyé à Mostar pour mettre un terme à la question des échanges de prisonniers de guerre qui avait déjà été soulevée lors d’entretiens antérieurs avec des membres de la Wehrmacht allemande. Il devait être de retour pour le 1er février 1943, mais n’a pas encore donné de nouvelles. Nous pensons que les échanges de prisonniers devraient se terminer plus tôt. L’échange des prisonniers suivants peut être envisagé :
a. Les prisonniers allemands de souche de Jajce et l’équipage de l’avion croate qui a été remplacé par M. Leinschutz.
b. Le major Strecker, pour lequel nous demandons l’échange du professeur Ivan Marinkovic de Karlovac. Il se trouve lui-même dans la prison de la police à Zagreb.
c. 25 soldats allemands capturés lors des combats de Sitnica.
d. Environ 100 officiers, sous-officiers [allemand : Unteroffizier ; abrégé : Uffz.] et fonctionnaires de la Wehrmacht croate et de l’État croate.
e. 15 officiers italiens.
f. Environ 500 soldats et sous-officiers italiens.
2) Nous pensons que le commandement des forces armées allemandes vis-à-vis de l’ALP yougoslave à cet égard garantit pleinement que les règles sont strictement respectées.
3) Le commandement de l’APL yougoslave est d’avis que :
a. Que dans la situation actuelle, il n’y a aucune raison pour que la guerre de la Wehrmacht allemande contre l’APL yougoslave soit dans l’intérêt de l’une ou l’autre des parties. Toutefois, il serait dans l’intérêt des deux parties de mettre fin à cette délicatesse. Dans ce contexte, le commandement allemand et cette délégation devaient présenter leurs propositions concernant une zone possible et l’orientation des intérêts économiques ou autres.
b. L’APL yougoslave considère les Tchetniks comme son principal ennemi.
4) Pendant toute la durée des sous-accumulations après toutes ces fonctions, nous avons mis fin aux actes de guerre des troupes allemandes et des troupes de l’APL yougoslave auparavant.
5) Cette délégation est autorisée à conclure des négociations préliminaires, tandis qu’un éventuel accord définitif doit être confirmé par notre haut commandement. Cette délégation s’est empressée de souligner qu’elle devait être fermée par les postes de commandement supérieurs et a demandé au commandement allemand d’approuver les négociateurs autorisés.
(Gornji Vakuf, 11 mars 1943)
Une photo de l’accord secret entre Tito et sa bande avec les Allemands nazis en mars 1943.
Koca Popovic, Vladimir Velebit et Milovan Djilas étaient les trois représentants du PCJ lors de ces négociations de mars 1943. Cependant, seul Popovic a révélé son vrai nom au cours des négociations :
Tito considérait l’affaire comme si délicate et importante qu’il proposa de me nommer membre du Politburo au sein de la délégation. Personne n’a soulevé d’objection et je n’ai pas hésité. Je connaissais suffisamment l’allemand pour suivre une conversation et me débrouiller d’une manière ou d’une autre. Après tout, nous n’avions pas l’intention de discuter de Goethe et de Kant. Tito estimait également qu’un commandant supérieur devait partir ; Koca Popovic fut désigné ; il connaissait assez bien l’allemand. La participation de Vlatko Velebit à la délégation était considérée comme acquise ; il avait fait preuve d’habileté dans la gestion de l’échange avec les Allemands à Livno, et il connaissait si bien l’allemand – il l’avait étudié à Vienne – que les Allemands pensaient qu’il était viennois.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 230) (IMG)
Nous avions convenu que seul Koca Popovic donnerait son vrai nom : comme il s’était présenté comme le commandant de la première division, cela n’avait pas de sens de le cacher, et les Allemands le connaissaient probablement par les prisonniers. Velebit a changé son nom de famille en Petrovic, par crainte de représailles contre sa famille, tandis que j’ai pris un nom commun, celui d’un héros monténégrin d’autrefois : Markovic. J’étais un personnage trop important pour me dévoiler, et un prisonnier trop tentant pour la Gestapo, au cas où les Allemands reviendraient sur leur accord. Plus tard, lorsque Velebit et moi sommes allés à Zagreb pour négocier, j’ai permis à Velebit de donner son vrai nom et de rendre visite à sa famille. Les Allemands de Gornji Vakuf nous ont photographiés par surprise, mais je me suis couvert le visage.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 234) (IMG)
Selon toute vraisemblance, la raison pour laquelle le groupe Djilas a refusé de divulguer ses noms était de préserver le secret vis-à-vis d’éventuels espions soviétiques au sein de la Wehrmacht nazie. Après tout, les nazis connaissaient parfaitement l’identité de Djilas :
les officiers allemands de Gornji Vakuf n’étaient pas dupes de notre discrétion. Lorsque je leur ai dit que j’étais le quartier-maître d’une division, le grossier major a fait remarquer avec ironie : « Celui-ci est leur commissaire ! » Le matin du 14 mars, les deux officiers ont souhaité à Koca un joyeux anniversaire avec des expressions cordialement ironiques. Koca ne s’est pas laissé décontenancer, il les a remerciés et a ajouté : « C’était assez facile pour vous de le découvrir : la police de Belgrade a un dossier sur moi depuis longtemps. »
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 235) (IMG)
Quelques jours plus tard, raconte Walter Roberts, le 17 mars, le ministre allemand à Zagreb, Kasche, envoya un télégramme à Berlin dans lequel, faisant clairement référence aux pourparlers germano-partisans, il notait cette possibilité :
que Tito et ses partisans cesseront de lutter contre l’Allemagne, l’Italie et la Croatie et se retireront dans le Sandzak pour régler les problèmes avec les Cetniks de Mihailovic.
(‘Tito, Mihailović, and the Allies, 1941-1945’, Walter R. Roberts, p. 109) (IMG)
Kasche a ajouté :
Dans ces circonstances, il est possible que Tito tourne démonstrativement le dos à Moscou….. Les souhaits des partisans sont les suivants : Combattre les Tchetniks dans le Sandžak, puis retourner dans leurs villages et pacifier les régions croates et serbes ; retourner les partisans dans leurs villages après les avoir désarmés ; ne pas exécuter les chefs partisans de notre part… Je suis d’avis que cette possibilité devrait être poursuivie car la sécession de l’ennemi de cette force de combat très appréciée dans l’opinion mondiale serait très importante. En fait, les partisans de Tito ne sont pas, dans leur ensemble, des communistes…. Je me réfère aux rapports écrits précédents ainsi qu’à ma conversation avec le secrétaire d’État von Weizsacker. Demande d’instructions. Lors de mes entretiens avec Casertano [ministre italien à Zagreb] et Lorković [ministre croate des Affaires étrangères], j’ai constaté que le développement susmentionné serait traité de manière positive.
(« Tito, Mihailović, and the Allies, 1941-1945 », Walter R. Roberts, p. 109) (IMG)
En effet, Tito avait déjà tourné le dos à Moscou depuis longtemps. L’agent nazi n’a jamais été un ami de l’URSS en premier lieu ; de tels accords avec les nazis n’étaient pas non plus particulièrement nouveaux pour lui, compte tenu de son passé de collaboration avec le Troisième Reich en tant qu’agent. En fait, les agents de la Gestapo Tito et Djilas étaient très confiants quant à la nécessité de poignarder l’URSS :
Ni moi ni les autres membres du Comité central [qui étaient au courant de ces accords] n’avons eu le moindre remords de conscience en pensant qu’en négociant avec les Allemands, nous aurions pu trahir les Soviétiques, l’internationalisme ou nos objectifs ultimes.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 244) (IMG)
Nous étions d’accord sur le déroulement des négociations, même si Tito était le moins sceptique de tous. J’ai posé la question suivante : « Que vont dire les Russes ?
Tito m’a répondu presque en colère – en colère contre les Russes, pas contre moi – « Eh bien, eux aussi pensent d’abord à leur propre peuple et à leur propre armée ! » (…). J’étais très heureux de la réaction de Tito : oui, il était clair pour moi que nous commencions à diverger avec les Soviétiques sur une question très sensible – la plus sensible de toutes – et qui était vitale pour nous. Si l’on m’avait demandé à l’époque si cette divergence avec les Soviétiques était en accord avec notre idéologie, j’aurais répondu : « Eh bien, notre lutte est aussi une contribution à l’enseignement marxiste-léniniste ». En d’autres termes, tant que la vie s’inscrit dans l’idéologie – tant que l’idéologie rend possible une orientation productive – l’idéologie est vivante.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 231) (IMG)
Ici aussi, on peut observer le fossé grandissant entre la clique fasciste de Tito et Moscou. Staline, comme l’a implicitement admis l’éminent militaire et agent de renseignement américain Franklin Lindsay, aurait fortement désapprouvé tout accord de ce type entre la bande de Tito et les Allemands nazis. À ce sujet, Lindsay a écrit :
si [Staline] avait eu connaissance de ce dernier [c’est-à-dire de l’accord entre Titoïstes et nazis], il l’aurait considéré comme une haute trahison.
(Beacons in the Night: With the OSS and Tito’s Partisans in Yugoslavia, Franklin Lindsay, p. 334) (IMG)
Comme l’a souligné Djilas lui-même :
Les négociations se sont déroulées dans le plus grand secret. Il n’y a pas eu de divergences entre les principaux dirigeants….
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 244) (IMG)
Les dirigeants soviétiques avaient très certainement une idée de la nature des négociations entre la bande terroriste de Tito et les nazis, même s’ils n’en connaissaient pas nécessairement tous les détails. Il convient de rappeler que les services de renseignement soviétiques considéraient Tito et son groupe comme très suspects depuis les années 1930 et que, lorsqu’ils ont eu l’occasion de traquer Elsa, la petite amie de Tito, ils l’ont exécutée pendant la Grande Purge sous l’accusation d’espionnage pour le compte de la Gestapo.
Moscou a exprimé ses soupçons sur la trahison de la collaboration entre Tito et les nazis en demandant le 9 mars, deux jours avant la signature de l’accord, si la clique de Tito allait trahir « l’Europe asservie » en cessant « la lutte contre le pire ennemi de l’humanité » :
D’ailleurs, Tito a déjà reçu la réponse de Moscou. En même temps que la lettre aux Allemands, une dépêche avait été envoyée à Moscou qui ne mentionnait qu’un échange de prisonniers. Mais cette fois-ci, Moscou a fait preuve de rapidité et de discernement, et nous avons reçu une réponse immédiate et furieuse, fidèle à son style : Est-il possible que vous, qui avez été un exemple pour toute l’Europe asservie, vous qui avez fait preuve jusqu’à présent d’un tel héroïsme, cessiez la lutte contre le pire ennemi de l’humanité et de votre peuple ?
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 232) (IMG)
Il n’est pas nécessaire de mentionner le fait que la phrase « vous qui avez été un exemple pour toute l’Europe asservie – vous qui avez jusqu’à présent fait preuve d’un tel héroïsme » dans la déclaration de Moscou à la bande de la Gestapo de Tito n’était qu’une rhétorique diplomatique à laquelle les Soviétiques eux-mêmes ne croyaient pas. Après tout, les Soviétiques considéraient Tito comme un agent nazi bien avant 1943.
La bande de Tito a également promis aux Allemands que les partisans combattraient les Britanniques s’ils débarquaient en Yougoslavie :
Nous n’avons pas hésité à déclarer que nous combattrons les Britanniques s’ils débarquent.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 243) (IMG)
Une fois encore, en 1943, avec la victoire soviétique lors de la bataille de Stalingrad, la balance avait penché en faveur des Soviétiques et, par conséquent, la politique du MI6 consistant à saigner les Soviétiques et les nazis impliquait que le MI6 s’allie avec les nazis – et avec la bande de Tito. Par conséquent, la bande de Tito ne tiendrait pas sa promesse de frapper les forces impériales britanniques, et ses maîtres espions allemands ne voudraient pas qu’elle tienne sa promesse. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que le MI6 ne commence à fournir aux agents du Troisième Reich – dans le cas de la Yougoslavie, à l’agent de la Gestapo de la clique de Tito – toutes sortes d’assistance afin de soutenir la clique de Tito contre les Soviétiques.
Lorsque Djilas retourne à la base des partisans plus tard en mars :
J’ai trouvé Tito et l’état-major suprême dans un village non loin de Kalinovik. J’ai fait mon rapport à Tito, mais il n’a pas semblé aussi intéressé qu’auparavant : les Allemands avaient en fait déjà arrêté leur offensive, tandis que nos unités avaient remporté une victoire difficile sur les Tchetniks de Pavle Djurisic et pénétraient en Herzégovine en direction du Monténégro et du Sandzak.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 244) (IMG)
Pour de plus amples négociations :
Velebit et Djilas sont repassés par les lignes allemandes et ont été transportés par un avion militaire allemand de Sarajevo à Zagreb le 25 mars 1943.
(‘Tito, Mihailović, and the Allies, 1941-1945’, Walter R. Roberts, p. 109) (IMG)
Il n’est pas surprenant que les Allemands aient autorisé leurs propres agents, Velebit et Djilas, qui servaient leur principal agent Tito, à traverser les lignes allemandes à bord d’avions allemands. Djilas retourne à la base des partisans, mais il est accueilli avec le scepticisme du héros de la Yougoslavie et principal combattant communiste yougoslave pour la liberté, le général Sava Kovacevic, qui met en garde Djilas et Tito contre toute collaboration avec l’ennemi nazi :
Sava était affalé près d’un feu, en train de dîner. Il me dit, … soudain, avec un sourire narquois, il ajoute : « Ne va pas faire la paix entre nous et les Allemands ! ».
Je me suis senti pris au piège et désorienté, mais j’ai pris l’offensive : « Ne fais pas le malin ! Tu n’as pas confiance dans le Comité central ? Il s’agit d’un échange de prisonniers. Et pour protéger les blessés de la mort. »
« J’ai confiance en eux ! » dit Sava, « mais l’armée vient à peine de commencer à lutter contre les Allemands. Ce sont nos pires ennemis. »
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, pp. 238-239) (IMG)
La faction Tito-Djilas avait de sérieux différends avec Sava Kovacevic. Comme le lecteur s’en souvient peut-être, les Soviétiques estimaient que les pertes de la bataille de Sutjeska, au cours de laquelle le général Kovacevic avait été assassiné par les nazis, étaient le résultat d’un sabotage tactique en faveur des nazis par le commandement du parti « communiste » yougoslave. En tout état de cause, en s’alliant à la Wehrmacht nazie, la bande de Tito a inévitablement contribué à l’assassinat de son ennemi communiste yougoslave, Kovacevic, et de celui de la Wehrmacht.
De retour à la position de Tito dans la base de partisans, Djilas est accueilli par un Tito « comblé » qui affirme que les Allemands ont conservé « l’esprit de chevalerie » étant donné le bon traitement qu’ils ont réservé à Djilas :
Tito et l’état-major suprême se trouvaient là-haut, près d’une falaise, au fin fond de la forêt.
Tito était ravi de me voir. (…).
« Et comment les Allemands t’ont-ils traité ? demanda Tito.
« Correctement, très correctement. »
« Oui, il semble que l’armée allemande ait conservé quelque chose de l’esprit chevaleresque », commente Tito.
J’ai raconté à Tito et aux autres mes impressions et mes expériences, et j’ai parlé jusqu’à l’après-midi, lorsque Tito a dû se rendre à Glavatitevo et que j’ai dû retourner à Bijela, pour attendre des nouvelles de Velebit.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 240) (IMG)
Comme indiqué précédemment, l’accord avec les nazis n’était qu’un échange de prisonniers. En réalité, il ne s’agissait pas du tout d’un échange de prisonniers. La bande de Tito a unilatéralement libéré le major Stoecker, non pas en échange de quelque chose de la part des nazis, mais en guise de bonne volonté. Les autres prisonniers avaient déjà été autorisés à s’échapper. Comme le dit Djilas dans l’exception suivante, « il n’y avait plus » de « prisonniers », et il était illogique de dire que les partisans pouvaient renvoyer ces « prisonniers » aux nazis parce que ces « prisonniers » n’avaient pas vraiment été « rassemblés » au départ. Djilas a écrit :
Tito et l’état-major suprême se trouvaient là-haut, près d’une falaise, au cœur de la forêt.
(…). J’étais convaincu que la libération par nous du major Stoecker et des autres prisonniers serait considérée comme un gage de bonne volonté, et Tito l’approuva immédiatement. Nous avons envoyé le major Stoecker et mon escorte à Konjic dans les vingt-quatre heures qui ont suivi. Quant à la douzaine de prisonniers restants – il n’y en avait plus – nous ne pouvions pas encore les envoyer parce qu’ils n’avaient pas été rassemblés.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 240) (IMG)
Le fait que ces « prisonniers » n’aient pas été réellement rassemblés ne laisse aucun doute sur le fait que les fonctionnaires allemands nazis « capturés » lors de l’invraisemblable « victoire » tactique des Partisans sur les Nazis n’étaient pas réellement des captifs. Le fait que Tito ait renvoyé le major Stoecker en tant qu’intermédiaire pour des négociations d’alliance montre plutôt que ces « captifs » étaient une délégation de négociateurs et d’espions envoyés par le commandement nazi pour s’enquérir des conditions du parti « communiste » yougoslave et pour être ensuite renvoyés par le groupe de Tito afin d’informer les autorités nazies de la susceptibilité du PCY, dicté par Tito, à un partenariat stratégique avec l’Axe. Le faux « échange » de faux « prisonniers » n’était qu’une couverture pour des contacts de renseignement avec les nazis.
Le 31 mars, Kasche confirme à Ribbentrop que :
la fiabilité des promesses de Tito a été confirmée.
(‘Tito, Mihailović, and the Allies, 1941-1945’, Walter R. Roberts, p. 110) (IMG)
En effet, Tito avait strictement ordonné à ses troupes de ne pas combattre les Allemands et, comme par le passé, il a pu « s’échapper » grâce à un accord avec la Gestapo :
Les archives yougoslaves montrent que Tito a écrit au commandant de la 6e brigade bosniaque pour lui dire de continuer à attaquer les Tchetniks mais d’éviter de combattre les Allemands sur le chemin du Sandjak. Des ordres similaires, rédigés en partie en espagnol, sont envoyés au 1er corps bosniaque et à la 1ère brigade prolétarienne. Le général Glaise von Horstenau a personnellement permis à Velebit de remettre une lettre de Tito aux partisans de Slavonie. Il semble que von Horstenau et les officiers de renseignement allemands locaux aient favorisé un accord avec les partisans….
Entre-temps, la 2e division prolétarienne avait remporté une victoire écrasante sur les Tchetniks et, au début du mois d’avril, les partisans se tenaient sur les rives de la Drina, se préparant à traverser vers le Sandjak, le Monténégro et, comme ils l’imaginaient, la sécurité.
La fuite de Tito à travers la Neretva, saluée comme un triomphe de la tactique et de l’audace, a en réalité été rendue possible par un accord avec les Allemands.
(Tito: and the Rise and Fall of Yugoslavia, Richard West, p. 152) (IMG)
Par ces lâches « évasions », les nazis faisaient intentionnellement de lui un héros. Le 17 novembre 1943, Velebit a proposé aux nazis de reconnaître les unités de partisans de Yougoslavie comme un belligérant légitime et légal à respecter selon la Convention de La Haye :
L’idée de cette « égalité » semble avoir été si mûre jusqu’au jour de l’échange des prisonniers (17 novembre) que l’un des négociateurs partisans, l’avocat d’Agramer, le Dr Vladimir Velebit, a saisi cette occasion pour proposer officiellement à la partie allemande la reconnaissance de l’Armée populaire de libération en tant que puissance belligérante légale et le respect mutuel de la Convention de La Haye sur les guerres terrestres.
(PARTISANENKRIEG IN JUGOSLAWIEN 1941-1944, Verlag E.S. Mittler & Sohn GmbH, Klaus Schmider, p. 171. Citing: BA/MA, RH 26-114/14 Die kommunistische Aufstandsbewegung im Raum des ehemaligen Jugoslawien (30.10.1942). Pour l’interview de Velebit, l’auteur cite : Enquête du Dr. Vladimir Velebit à Zagreb (9. u. 10.5.1998).) (IMG)
Habituellement, appeler les forces ennemies à reconnaître ses propres forces comme légitimes est une politique correcte, étant donné qu’elle constitue une victoire de la propagande contre l’ennemi. Cependant, je n’ai pas besoin de mentionner que dans ce cas, et à la lumière de l’histoire de l’espionnage et du sabotage par la bande de Tito pour le compte de l’Axe, cette mesure de Velebit peut être considérée comme un autre exemple de la manière dont la bande de Tito visait à conserver les faveurs des forces fascistes. En mars 1943, Tito envoie Velebit en Croatie pour empêcher les partisans d’engager le combat contre les Allemands nazis. Cependant, la direction du parti communiste croate soupçonne Velebit d’être un agent infiltré :
Tito approuve immédiatement le retour de Velebit à Zagreb et met fin aux opérations des partisans slaves, en particulier sur la voie ferrée Zagreb-Belgrade. Velebit s’acquitte de cette mission, ce qui lui prend pas mal de temps. Il a également ramené Herta. Il m’a dit qu’il avait eu des problèmes en Slavonie : les partisans le soupçonnaient d’être un provocateur, et le commandement suprême en Croatie a dû intervenir.
(Wartime, Milovan Djilas, 1977, p. 244) (IMG)
Rappelons que les Soviétiques avaient accusé Velebit d’être un espion nazi de haut niveau. Le ministère soviétique des affaires étrangères avait déclaré
En [1941], le collègue de Tito, Velebit, dénonce les membres du comité central du parti communiste croate qui se réunissent dans sa villa.
(Tito-Rankovic Clique Has Established Fascist Regime in Yugoslavia, A. Kalinin, April 14, 1950. In: Information Bulletin, Soviet Union. Posolʹstvo (U.S.), p. 221) (IMG{Titoist Yugoslavia})
Sous le commandement de Tito, agent de la Gestapo exsangue, de nombreux communistes et patriotes yougoslaves ont été tués sur les lignes de front de la guerre antifasciste. Il était nécessaire pour la bande de Tito d’augmenter le nombre de ses troupes, afin de paraître « populaire » et « puissante », et d’infiltrer des milliers de nazis pour qu’ils deviennent membres du Parti communiste yougoslave ou de l’armée, afin de transformer les fascistes du PCY en une puissante minorité, voire en une majorité, contribuant à faire pencher l’équilibre « démocratique » du pouvoir au sein du Parti et de l’armée en faveur de la faction de Tito contre les communistes et les combattants de la liberté démocratiques. Pour les troupes nazies, face à l’avancée des troupes de l’Armée rouge, il était important qu’elles rejoignent l’armée yougoslave de Tito afin de se présenter comme des « antifascistes » et de se protéger des purges de l’URSS et des démocraties populaires. Ce dernier point aurait à son tour donné aux Britanniques l’excuse de financer et d’armer secrètement les nazis sous le couvert d’un travail « antifasciste ». La combinaison de tous ces facteurs s’est traduite par le fait que :
2 000 membres de la division SS Handzar rejoignent les Partisans et forment la « Seizième Brigade musulmane » de Tito en septembre 1943.
(The War in Bosnia, 1992-1995: Analyzing Military Asymmetries and Failures, Naval Postgraduate School, Monterey, California, Thesis Advisor: David Yost Co-Advisor: Donald Abenheim, Thesis Author: Gheorghe Anghel, June 2000, pp. 18-19) (IMG)
L’autorisation donnée par le groupe Tito à des milliers d’agents Handzar SS Nazi-Ustase d’infiltrer le PCJ, et donc d’accéder à des documents internes du PCJ, constitue une forme d’espionnage pour les nazis.